Communiqué de presse, 19 juin 2025

Suite aux articles du Quotidien.lu sur les agressions sexuelles présumées par un beau-père, nous tenons à rappeler que :
Un enfant victime ne peut pas toujours quantifier les faits.
Lorsqu’un enfant subit des violences sexuelles, les actes sont vécus comme un continuum traumatique, non comme des événements isolés. Il est donc courant qu’il ne puisse pas déterminer précisément combien d’agressions il a subi. Ce flou ne signifie pas que les faits n’ont pas eu lieu, mais reflète la réalité psychologique du traumatisme.
Des incohérences dans le récit sont une réponse au traumatisme, non une preuve d’invention.
L’intensité des actes et la relation de confiance brisée avec l’adulte engendrent souvent une mémoire hachurée, fragmentée, voire brouillée. Comme le montre la recherche en mémoire traumatique, ces enfants peuvent présenter desvariations dans leur récit, des détails manquants ou des approximations temporelles, sans que cela remette en cause lavéracité de leurs propos.
Les incohérences dans le témoignage sont l’expression directe du traumatisme psychique.
Lorsqu’un enfant est victime d’agressions sexuelles, son cerveau est submergé par un stress extrême. Pour survivre à l’insoutenable, son psychisme déclenche un mécanisme de dissociation : l’enfant peut alors se couper de ses émotions, de son corps ou de la réalité du moment. Cette dissociation perturbe l’enregistrement et la mémoire des événements.
Les souvenirs deviennent morcelés, flous, non chronologiques. Ce n’est pas un défaut de sincérité : c’est un signe du traumatisme vécu.
De plus, des émotions comme la honte, la culpabilité, ou la peur de ne pas être cru.e peuvent altérer la façon dont l’enfant s’exprime ou se remémore les faits.
Il est donc fondamental de comprendre ces mécanismes avant de juger la cohérence d’un récit.
En conclusion
- Il est normal qu’un enfant ne puisse pas chiffrer exactement la répétition ou la fréquence des actes subis.
- Il est normal qu’un enfant victime de violences sexuelles formule un récit qui semble incohérent ou fluctuant : c’est une conséquence directe du traumatisme.
- Les autorités et les professionnels doivent écouter avec bienveillance, éviter de disqualifier la parole de l’enfant pourdes détails périphériques, et continuer à assurer un accompagnement adapté et respectueux.
Nous appelons chacun — institutions, médias, justice, citoyens — à adopter une posture fondée sur la connaissance du traumatisme, le respect de la parole des victimes et l'engagement envers la protection des enfants.
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